lundi 19 décembre 2011

Les provinces du Brabant

La légende antique que l’on évoque à propos d’Anvers fournit une très simple et très claire étymologie du mot « Brabant ». Brabo, un parent de Jules César aurait terrassé le géant Antigon et, lui appliquant la loi du talion, lui aurait coupé la main et l’aurait jetée dans l’Escaut. Par reconnaissance envers son libérateur, le pays ainsi délivré d’Antigon aurait adopté son nom et serait appelé « Brabant ». Les étymologistes de notre temps récusent toutefois pour le nom du Brabant, cette origine légendaire. Ils prétendent que, dans le langage des Francs, le terme « bant » ou « band » désignerait un district, une marche, une bande de terrain, une zone, une terre libre autour d’un centre habité et que « brak » ou « braak » se disait d’une terre en friche, d’une jachère . Un « braak-band » aurait donc été « une marche de terre marécageuse ou broussailleuse », ce qui pouvait se dire spécialement de territoire avoisinant la « Brakena », terme d’antique désignation commune de la Senne ou de la Braine et du Hain ainsi que de leurs vallées. Et ce « braak-band » aurait donné par extension son nom à tout le territoire de l’état féodal dont les seigneurs établirent en cette région leur principale résidence. Les chercheurs qui ont scruté les langues scandinaves sont portés à croire que « Brachbante », « Bragband » viendrait de « braka » : faire irruption ; et « band » : bande, horde.



Le territoire qui devint plus tard, le duché de Brabant était occupé, avant la conquête romaine, par les Nerviens et les Ambivarites. Il était situé dans la partie septentrionale de la Lotharingie qui devint le duché de Lothier et dont la couronne passa, au début du XIe siècle, du carolingien Charles de France à la maison d’Ardenne, dans la personne de Godefroid, fils du comte de Verdun, Godefroid le Captif. A la mort de Godefroid de Bouillon, qui survint à Jérusalem en 1100, l’empereur Henri IV donna le duché de Lothier à Henri, comte de Limbourg. Henri V le retira à celui-ci pour le donner, le 13 mai 1106, à Godefroid le Barbu, septième comte de Louvain .

Jean Ier de Brabant
Les comtes de Louvain, issus de Régnier III de Hainaut, avaient déjà hérité à cette époque, du comté de Bruxelles. Ils étaient avoués des abbayes de Nivelles et de Gembloux et s’étaient partagé, avec le comte de Hainaut, le territoire du comté de Hal. La marche d’Anvers, dépendance directe des ducs de Lothier vint grossir le domaine de Godefroid le Barbu qui s’intitula dorénavant duc de Brabant. Jean Ier, qui accéda au trône ducal en 1261, vainquit une coalition des princes d’Entre-Meuse et Rhin et conquit le duché de Limbourg en 1288. La lignée mâle de la dynastie du Brabant s’éteignit avec Jean III dont la fille Jeanne épousa Wenceslas de Luxembourg et eut pour héritier son petit neveu, Antoine de Bourgogne. Antoine de Bourgogne périt à Azincourt, en 1415 et son fils ainé devint duc de Brabant sous le nom de Jean IV et mourut sans enfants, en 1427. Son frère et héritier, Philippe de Saint-Pol, disparût également sans hoirs, trois ans plus tard et Philippe le Bon ajouta, en 1430, à ses titres, déjà nombreux, celui de duc de Brabant qui fut porté par tous les souverains ultérieurs des Pays-Bas.

En 1795, le ci-devant duché de Brabant fut scindé en deux départements : celui de la Dyle, comprenant le sud du Duché avec Bruxelles comme chef-lieu et celui des Deux-Nèthes, comprenant le marquisat d’Anvers et la seigneurie de Malines. Cette division se confirma pendant la réunion de la Belgique et des Pays-Bas, les anciens départements des Deux-Nèthes et de la Dyle devenant respectivement les provinces d’Anvers et de Brabant.

Depuis l’indépendance de la Belgique, le titre de duc de Brabant est attribué à l’héritier présomptif du trône. « En restaurant ces titres (duc de Brabant, comte de Flandre et comte de Hainaut), qui vivent dans la mémoire du peuple, dit le rapport présenté au Roi, le 14 décembre 1840, le gouvernement a voulu renouer la chaine des traditions du pays, attacher à la monarchie nouvelle, symbole et force de l’unité nationale, la puissance des souverains d’un autre temps ». Le titre fut conféré le 14 décembre 1840 au prince Léopold, le futur roi Léopold II. Le prince Léopold, fils unique de Léopold II, fut le suivant duc dès l’accession au trône de son père en 1865 et jusqu’à son décès du jeune garçon en 1869. S.M. le roi Léopold III le porta à son tour et, lorsqu’il devint roi des Belges en 1934, il transmit le titre de duc de Brabant à son fils Baudouin, comte de Hainaut. S.M. Baudouin abandonna le titre ducal en 1951, lors de son inauguration comme Roi des Belges. Il faut attendre la mort inopinée du Roi Baudouin, le 31 juillet 1993, pour que le prince Philippe devienne officiellement Prince héritier et relève le titre de duc de Brabant


Bernard Coomans de Brachène
Membre de Pro Belgica
Administrateur de Pro Belgica

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