mercredi 26 octobre 2011

Concert de gala de la FUNACV



Par une présence significative de ses membres venus de tout le pays, ce Concert doit donner une image forte de la communauté des anciens combattants, prisonniers politiques, victimes de guerre et vétérans. Cela s'impose dans les circonstances actuelles. Des possibilités de transport sont inventoriées au départ de tous les coins du pays. En souvenir des morts à la suite des conflits qui ont touché le pays,  rassemblez-vous et inscrivez vous à l'aide de la carte réponse en annexe (voir ci dessous). N'omettez pas de préciser votre adresse. Des cartes d'entrée vous seront envoyées par courrier postal.

E. Greindl
Président FUNACV





"Belgique, un roi sans pays" (Martin Buxant et Steven Samyn)

L'initiative est intéressante à double titre : consacrer tout un ouvrage au rôle politique d'Albert II (ce qui n'avait jamais été fait), et confier sa rédaction à un journaliste francophone (Martin Buxant de "La Libre Belgique") et à un journaliste néerlandophone (Steven Samyn de "De Morgen"), tous deux âgés d'une trentaine d'années. Pour mener leur enquête objective et sérieuse, ils ont rencontré des responsables politiques et des proches de la Cour.

Ce livre aborde très peu la première partie du règne d'Albert II (1993-2007) où il se mêle peu de politique et a un rôle presque protocolaire. Selon les auteurs, le Roi aurait voulu ne pas signer la loi dépénalisant l'euthanasie, mais il se serait ensuite laissé convaincre par le monde politique et n'aurait aujourd'hui aucun regret à ce sujet. En 2003, il aurait encouragé le gouvernement belge à ne pas envoyer de troupes en Irak, par crainte de voir notre pays menacé par le terrorisme. Mais il préférerait la politique pro-atlantiste du ministre de la Défense Pieter De Crem à celle plus humanitaire de son prédécesseur André Flahaut. Il manque un chapitre sur les initiatives prises par le couple royal suite à l'affaire Dutroux en 1996.

Ils racontent ensuite les décisions politiques prises par Albert II depuis 2007. Les problèmes communautaires l'ont en effet obligé à jouer un rôle nettement plus important. On découvre les coulisses de ce qui se passe derrière les grilles du palais, notamment l'influence des partis et de son chef de cabinet Jacques van Ypersele de Strihou. Le Roi prend quelques risques mais ne commet aucun faux pas. Il donne l'image d'un bon papa sympathique qui tente de recoller les morceaux entre Flamands et francophones. Mais il peut être aussi en colère, par exemple contre le jeune président du VLD Alexander De Croo qu'il accuse d'être responsable de la chute du gouvernement en 2010.

Des chapitres sont ensuite consacrés à l'entourage, au coût et à la foi de la famille royale, ainsi qu'aux personnes anoblies par le Roi. Les auteurs affirment que c'est la reine Paola qui s'opposerait à la reconnaissance officielle de Delphine Boël par son père. Ils évoquent ensuite les mauvaises relations entre le prince Philippe d'une part, et le monde politique, la presse et le chef de cabinet d'Albert II d'autre part, ainsi que le souhait de plusieurs partis d'une monarchie protocolaire (comme en Suède) pour le prochain règne.

Leur conclusion? "Jusqu'ici, Albert II a pu slalomer entre les exigences des uns et des autres. Mais chacun, aujourd'hui en Belgique, pressent que cet exercice de style a atteint ses limites et n'est plus guère tenable. Jusqu'ici, Albert II a eu les épaules assez larges que pour ne pas laisser l'édifice royal s'effondrer. Mais tout porte à croire - de la difficulté de la succession royale à l'évolution des esprits de la classe politique en passant par un pays si particulier à gouverner - que le temps presse. Jusqu'ici, ce roi est à la tête d'un pays. Jusqu'ici, ce pays a un roi. Jusqu'ici".

Si cet ouvrage intéressant est plutôt positif pour l'image d'Albert II, il brise cependant un tabou : le secret entourant les colloques singuliers entre le Roi et les responsables politiques. Certains ont été peu loquaces avec les deux journalistes, mais d'autres (comme Bart De Wever et Alexander De Croo qui n'ont pas de bonnes relations avec le souverain) ont raconté en détail leurs audiences royales. Cela ajoute donc une difficulté à la tâche d'Albert II qui devra être beaucoup plus prudent à l'avenir lors de ses consultations politiques...

Vincent Leroy
Membre de Pro Belgica Hainaut

Décès de Nadine Rochette (membre et patriote dévouée à Pro Belgica)‏

Une ardente et active collaboratrice de Pro Belgica nous a quittés. Nadine Rochette était une patriote convaincue, toujours prête à rendre service : tantôt comme porte-drapeau, tantôt comme collectrice de lots de tombola, tantôt comme bénévole au stand de Pro Belgica le 21 juillet, tantôt rédactrice pour le trimestriel Pro Belgica.

Nadine, 57 ans, était d'une générosité extrême et d'un dévouement inégalable, toujours prête à servir. Son totem chez les guides pluralistes était "Bongo je suis là!"

La présidente, les administrateurs et l'autre porte-drapeau tiennent à lui rendre hommage au nom de l'asbl en publiant ci-dessous, l'émouvant article qu'elle rédigea pour le numéro 4/2010 du Pro Belgica, après sa participation comme porte-drapeau aux cérémonies de Breendonk en septembre 2010.

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2010 : commémoration au Fort de Breendonk
Aussi grande que puisse être l'âme humaine,
Aussi "diabolique", en un instant, peut-elle devenir !

"Breendonk", un site historique et inoubliable, sur notre territoire, notre Belgique. J'en avais souvent entendu parler, mais entre les paroles et la perception visuelle, que je découvre : un univers impossible se dévoile pas après pas. D'abord, les barbelés, la guérite, j'aperçois un panneau, où il est demandé de respecter ce lieu. Déjà je me sens si petite. J'entends les cris des Allemands, l'aboiement des chiens, le groupe de prisonniers que l'on amène, leurs pas lourds, le dos courbé blessé dans leurs chairs et leurs âmes, les hurlements du commandant SS Smitt...

D'autre part, le regroupement des différents drapeaux me rappelle que chacun d'eux est le souvenir, vivant, d'hommes pleins de rêves voulant sauver notre pays et qui ont connu : le froid, la faim, la solitude morale et la torture physique, le mépris, la haine, et certains même ont fait le sacrifice de leur vie pour anéantir le nazisme.

Aujourd'hui, le temps est gris et il pleut ! Au moment de traverser le pont, j'ai un malaise intérieur, je pénètre dans un lieu signé l'enfer. La perte de son identité, de l'humanité, la naissance de la souffrance jusqu'à l'aboutissement de la vie. Il n'y avait pas, à ce moment-là, de différences sociales, religieuses, philosophiques et surtout linguistiques : tous unis pour arrêter le nazisme.

Malheureusement, comme dans tout conflit, tandis que les uns s'unissaient (et ici notre devise est tout à fait justifiée), d'autres s'allièrent à l'ennemi et ce fut pour beaucoup de prisonniers la plus terrible blessure morale : "un Belge trahissant et maltraitant un autre Belge "... En pénétrant dans le fort, les murs me glacèrent et surtout, la vision des poteaux d'exécution, me figèrent un moment sur place. Comme paralysée, je ne parvenais plus à en détacher mon regard : e s t - ce po s s i b le ??? En arrivant sur le lieu des commémorations, je découvre le cénotaphe, entouré d'élèves de l'Ecole Royale Militaire en grand apparat, c'était vraiment émouvant !

Je savais que la flamme venait du Soldat Inconnu, ce qui renforça mon émotion, mais l'apogée apparut au moment où l'on nomma un par un et décora les survivants du camp. Je ne pourrai jamais traduire l'immense respect que je ressentais envers ces hommes et ces femmes ! Les témoins vivants de ce site où la mort suinte de toute part :
- l'herbe où vous marchez, qui a aspiré les traces ensanglantées
- les vestiges des murs du fort qui sont remplis de cris
- les poteaux d'exécution qui ont retenu les derniers battements de cœur.
Et ce silence qui vous déchire les tympans ! 

Ce qui me plongea dans un immense chagrin, c'est la phrase prononcée en cours de cérémonie, et qui en quelques mots, sema en moi un terrible doute ; l'annonce que cette cérémonie serait peut-être la dernière ! D'abord, j'ai cru mal comprendre, un moment de réflexion me ramena à la réalité du temps présent : La question du séparatisme ? Bien sûr ! C'est impossible - Cela ne peut être ! Nous sommes Belges avant tout et notre devise est si belle " l'Union fait la force ". Quelle merveilleuse devise et d'une réalité prouvée.

En tant qu'être humain, nous avons tous les mêmes besoins, nous rêvons tous d’une vie heureuse, paisible, la plus aisée possible. Personne n'aime les conflits, nous sommes en quête de bonheur constant, et notre sang est toujours rouge. Nous ne pouvons être des frères ennemis car nous nous affaiblirions, mais bien évidemment, il nous faut être à l'écoute de l'autre, échanger nos aspirations mutuelles. D'autre part "on ne peut se séparer de son passé sans se mutiler".

Je pense donc que si nous pouvons tolérer que l'autre s'épanche sur nous, nous pouvons ensemble construire un avenir positif en évitant de refaire les mêmes erreurs.... Ce serait tellement mieux pour tous.

Pendant ce temps, la nomination individuelle de tous ces héros continuait ; ensuite, chaque représentant déposait les couronnes en mémoire des morts sacrifiés pour la Belgique. Régulièrement, de très gros nuages gris pleuraient sur le site, l'humidité me faisait frissonner et, honteuse, je me redressais en regardant le ciel et tentais de lui dire que notre sensation de froid était bien ridicule à côté de ce qu'avaient souffert au même endroit, nos anciens.

La cérémonie se termina par "le Chant du Marais", le "Chant des Martyrs de Breendonk" et le "Chant des Partisans", hymne de la Résistance. Enfin, l'espérance "l'Hymne à la Joie" des Européens.

Cette partie m'interpella plus encore. Ne dit-on pas que les états d'âme sont révélés à travers la musique et les chansons, donc si pleines de tristesse elles peuvent être gorgées, si pleines d'espérance sont-elles gonflées.... Au moment du départ, je me sentais hésitante ; d'abord partagée entre le sentiment d'abandonner le chuchotement plaintif qui émanait du site et de vouloir panser les plaies douloureuses de ceux qui vivaient là pour l'éternité ; et d'autre part l'envie de leur hurler un merci qui ne s'arrêterait pas. La réalité me ramena dans le temps présent, car il fallait nous ranger pour partir en défilant devant les tribunes.

Cette commémoration m'apporta beaucoup de réflexions enrichissantes dans l'espoir de me conforter davantage lorsque, passant devant une tribune j'entendis : "vive la Belgique - vive Pro Belgica" !

Un instant, un sourire illumina mon visage mais, déjà nous emboîtions le pas qui nous menait vers la sortie.

Troublée par ces multiples émotions, d'un pas décidé mais très émue (j'étais devenue indifférente à la pluie...), en repassant devant "le wagon" - dernier vestige matériel de ce temps maudit, je marque un dernier arrêt ; à ce moment-là, j'entends une voix derrière moi, dire : "..... si tu savais ce que j'en ai vu dans ces wagons... - de ces wagons...".

Je n'ai pas osé me retourner, j'étais gênée ! Je savais que "ce monsieur" était un rescapé des camps de la mort.

Je courbais donc la tête et, timidement, je poursuivis le chemin vers la sortie.

Nadine ROCHETTE
Porte-drapeau de Pro Belgica ce jour-là

mercredi 19 octobre 2011

Communiqué

Nous sommes contre la proposition de loi sur l'amnistie déposée par le Vlaams Belang au Sénat. Comme l'ont déjà fait certaines d'entre elles (Ham-sur-Heure, Pont-à-Celles, Courcelles, Leuze-en-Hainaut, Charleroi, La Louvière, p.ex.), nous demandons à toutes les communes des provinces de Hainaut et de Namur de voter une motion contre cette proposition de loi.
Pro Belgica Hainaut et Pro Belgica Namur
Association Régionale des Militaires Belges en Allemagne
Comité de la Mémoire de Mont-de-l'Enclus
Relais de la Mémoire de Mont-de-l'Enclus
BPlus Hainaut
Association patriotique de Bougnies
Provinciale du Hainaut de la Société Royale Philanthropique des Médaillés et Décorés de Belgique
Régionale de Charleroi de la Société Royale Philanthropique des Médaillés et Décorés de Belgique
Comité de liaison des associations patriotiques de Charleroi
Fraternelle Royale de la 4ème Brigade d'Infanterie "Steenstraete" - section Hainaut
Section de Buvrinnes de la Fédération Nationale des Combattants de Belgique
BUB Hainaut
Front Unique National des Anciens Combattants
Union de Défense et des Intérêts des Anciens Combattants
Section de Leuze-en-Hainaut de la Ligue Royale des Vétérans du roi Léopold III
Entente des Groupements Patriotiques d'Obourg
Pour associer votre association à ce communiqué pour le mois de novembre, écrivez-nous à prov.namur@probelgica.be.

dimanche 16 octobre 2011

Pro Belgica dans "Koppen" de la chaîne de télévision Één

Le 6 octobre, le programme "Koppen" de la chaîne Eén a diffusé un reportage ayant pour thème : 3 op 4 Vlamingen zijn er trots op om Belg te zijn (3 Flamands sur 4 sont fiers d'être Belges).

Le reportage porte sur une enquête suite aux chiffres de ce récent sondages et évoque les cérémonies qui se sont tenues le 24 septembre sur la Places Martyrs célébrant les 181 ans de la Belgique, organisées par Pro Belgica, les Volontaires 1830 et la Ville de Bruxelles. La présidente de Pro Belgica, Jacqueline de Montjoye, et le responsable de la section de Flandre orientale, Peter Broos, comptent parmi les divers intervenants.

(Images Eén)

Place des Martyrs (Images Eén)

Jacqueline de Montjoye (Images Eén)

Peter Broos (Images Eén)


Ce reportage peut être visualisé en intégralité sur le site de la chaîne : ici

mercredi 5 octobre 2011

Les provinces de Flandre occidentale et Flandre orientale

Le territoire qui, plus tard, constitua la Flandre était habité, avant la conquête romaine, par des tribus d’origine celtique et germanique : les Atrébates, les Morins et les Ménapiens. Dans la seconde moitié du IIIe siècle, des Frisons et des Saxons, fondèrent des colonies de peuplement en certains points de la région côtière, mais un affaissement du sol provoqua des inondations qui les en chassa, en même temps que les autochtones romanisés. Quand la mer se retira, les Francs Saliens prirent possession, au Ve siècle, d’une contrée presque déserte.

L’étymologie du mot « Flandre » (Flandris vers l’an 700 et Flandra puis Flandria au IXe siècle) a donné lieu à de multiples interprétations.

Pour Gijseling, il dériverait du frison « flâm » - terre inondée, polder – d’où viendrait également « flamand » et « vlaming » et du suffixe « thra » existant dans quelques dérivés abstraits. Vercouillie et Van Ginneken rattachent le nom à un terme frison qui veut dire « fuir », signification justifiée par le fait que les Flamands qui avaient passé l’Escaut et le Zwin auraient été traités d’« émigrés ».

Le point de vue de Carnoy consiste à regarder « Flandra » comme un pendant de « Tehswandra » (Toxandre), c’est-à-dire comme un composé de « flâm » avec la finale « wandra », terminaison de noms de population .

Au IXe et Xe siècles, on employait régulièrement le mot « Flandre » au pluriel : Flandriæ, comes Flandrianum. La forme « Flandrum » engendra « Vlaanderen » et fut latinisée en « Flandria ».
Enfin, en celtique, « vlae-land » signifie « le pays de la pluie » et il est donc également possible que « vlae land » soit à l’origine de « Vlaanderen ».

Une tradition légendaire s’est formée sur les origines du comté de Flandre. Charlemagne aurait donné cette « terre bréhaigne, peu valant et pleine de palus » à un très noble baron nommé Liederic. Au IXe siècle, Baudouin Bras de Fer, personnage qui était déjà puissant dans les régions septentrionales du bassin de l’Escaut où il guerroyait contre les Normands, enleva Judith, fille de Charles le Chauve et veuve du roi anglo-saxon Ettelwolf. Le roi de France dut bien accepter ce gendre fougueux a qui il donna en fief la marche de Flandre qui se composait de quatre districts principaux : le pagus Mempicus (comprenant le pagus Flandrencis et le pagus Tornacensis) et les pagi Taruacensis, Bononiencis et Atrebatensis.

La dynastie fondée par Baudouin Bras de Fer et la princesse carolingienne Judith prit fin avec Baudouin VII qui mourut sans enfants, en 1119 et laissa le comté de Flandre à son cousin Charles de Danemark, dit le Bon, qui fût assassiné en 1127 par le chancelier de Flandre. Louis le Gros, roi de France, voulut remplacer le défunt par un chevalier normand, Guillaume Cliton, mais les Flamands s’insurgèrent contre leur suzerain et choisirent pour comte, Thierry d’Alsace, petit-fils de l’ancien comte de Flandre, Robert le Frison.

Baudouin V, comte de Hainaut, succéda à Philippe d’Alsace en 1191, sous le nom de Baudouin VIII. Son fils, Baudouin IX, devint empereur de Constantinople en 1204 et les deux maris successifs de sa fille Jeanne, Ferrand de Portugal et Thomas de Savoie, portèrent le titre de comtes de Flandre et de Hainaut.

Marguerite de Constantinople, fille cadette de Baudouin IX, épousa en premières noces Bouchard d’Avesnes et, en secondes, Guillaume de Dampierre. Le comte de Flandre revint au fils de ce dernier, Gui de Dampierre et de Hainaut à Jean, fils de Bouchard d’Avesnes.

Robert III de Béthune succéda en 1305, à Gui de Dampierre et à la mort de son fils ainé, Louis de Nevers, le comté de Flandre passa à Louis de Male. Marguerite de Male, fille unique et héritière de ce dernier, épousa en 1369, le duc de Bourgogne Philippe le Hardi et en 1419 Philippe le Bon réunit le comté de Flandre à ses états. En 1482, à la mort de Marie de Bourgogne, épouse de Maximilien d’Autriche, la Flandre entra dans la maison de Habsbourg puis, après l’abdication de Charles V, dans celle d’Espagne. En 1713, les Pays-Bas passèrent sous la souveraineté de l’Autriche.

Les Provinces belges, conquises par la France en 1792, reprises par l’Autriche l’année suivante, furent incorporées à la France en 1797 par le traité de Campo-Formio. De 1794 à 1814, la Flandre fut divisée en deux départements : celui de la Lys et celui de l’Escaut, ayant respectivement Bruges et Gand pour préfecture.

Cette scission se maintint sous le régime hollandais et, en 1830, l’ancien comté de Flandre, amputé de la Flandre zélandaise, donna naissance à deux provinces : la Flandre occidentale avec Bruges comme chef-lieu et la Flandre orientale avec Gand.

Louis de Male avait été le dernier dynaste particulier de la Flandre. Le titre de comte de Flandre fut porté, après lui et jusqu’à la fin de l’Ancien régime, par les souverains successifs de la Belgique.

Le titre de comte de Flandre fut octroyé, le 14 décembre 1840, au prince Philippe-Eugène, fils puiné de Léopold Ier et futur père du roi Albert Ier. Le prince Charles de Belgique en fût ensuite le détenteur jusqu’à sa mort en 1983.

Bernard Coomans de Brachène
Membre de Pro Belgica
Administrateur de Pro Belgica

La province du Limbourg

Le mot « Limbourg » – qui s’orthographiait en 1093 « Lintburch » et « Lemburg », ce qui signifie « bourg aux tilleuls » - a d’abord désigné une localité de l’actuel arrondissement de Verviers puis il est passé au duché de Limbourg et, plus récemment, à la province du même nom qui est constituée, non pas par le pays de Limbourg mais par l’ancien comté de Looz.

Lorsque Jules César entreprit la conquête des Gaules, il trouva dans l’Eburonnie, l’autorité partagée entre deux chefs dont l’un, Ambiorix, commandait à la partie du pays correspondant au futur duché du Limbourg et l’autre, Cativulx, à celle qui fut plus tard la Principauté de Liège. Les Francs Saliens s’y établirent au commencement du Ve siècle et, lors du partage de l’empire de Charlemagne, le Limbourg fit partie des possessions de Lothaire.

Le premier seigneur héréditaire limbourgeois sembla avoir été, au début du XIe siècle, Frédéric, fils puiné du comte de Luxembourg. Judith, fille de Frédéric de Luxembourg, épousa Waléran II, comte d’Arlon, qui descendait des comtes d’Ardenne par son père, des rois de France et des empereurs d’Allemagne de la maison de Saxe, par sa mère. Ce Waléran prit le titre de comte de Limbourg et fonda une dynastie qui compta notamment Henri de Limbourg. Ce prince succéda, en 1100, à Godefroid de Bouillon dans la dignité de duc de Lothier que l’empereur Henri IV lui retira, six ans après, pour la donner à Godefroid le Barbu, comte de Louvain. La descendance masculine des comtes de Limbourg s’éteignit avec Waleran IV. Son gendre, Renaud de Guelde, prit, vers 1270, la qualité de duc de Limbourg. Il fut vaincu et fait prisonnier à la bataille de Woeringen à la suite de laquelle Jean Ier annexa à son duché de Brabant, celui de Limbourg. Depuis cette époque – ou, plus exactement, depuis l’extinction des comtes de Fauquemont qui poursuivirent la lutte contre les Brabançons – et jusqu’à la Révolution française, le Limbourg n’eut plus d’existence individuelle.

La configuration de la province de Limbourg moderne est approximativement celle de l’ancien comté de Looz dont l’origine n’est pas connue avec certitude mais semble devoir être cherchée dans un démembrement du domaine campinois que possédait, vers l’an 1000, le comte Ansfrid, évêque d’Utrecht.Le siège primitif de ce comté semble avoir été Hufte ou Hocht, localité voisine de Maestricht. Au début du XIe siècle, il fût transféré à Looz où l’existence d’un château fort est signalée dans un acte de 1016. Cette forteresse était la résidence habituelle de comtes qui en prirent le nom pour le donner ensuite à leur comté dont le plus ancien seigneur connu fut Gielebert que l’on trouve cité, avec la qualification de « Comes de Looz », de 1015 à 1034.

Hemricourt, l’historien des nobles de la Hesbaye, rapporte que Jeanne de Looz, fille unique du comte Arnould de Looz, épousa, contre la volonté paternelle, son écuyer, Guillaume d’Oreye, dont elle eut un fils, Arnould de Rummen, qui revendiqua le comté de Looz que son oncle, Louis de Looz, avait légué à un autre des ses neveux, Thierry de Heinsberg. Une guerre s’ensuivit qui se termina par l’assaut victorieux des Liégeois contre le puissant château fort de Rummen et la réunion définitive du comté de Looz à la principauté de Liège.A partir de 1366 et jusqu’en 1581, les princes-évêques de Liège se firent inaugurer à Looz en tant que comtes de Looz et y prêtèrent le serment de maintenir les droits, privilèges, franchises et anciennes coutumes de leur comté.

Sous l’occupation française, l’ancien comté lossain devint le département de la Meuse inférieure avec Maestricht comme préfecture. Le 12 septembre 1814, les territoires situés à la droite de la Meuse et faisant partie des anciens départements de la Meuse-Inférieure, de l’Ourthe et de la Sambre-et-Meuse, furent réunis en un département « de la Meuse et de l’Ourthe » ayant Liège comme chef-lieu.

Un an plus tard, le roi Guillaume décida de reprendre le nom perdu de Limbourg et de le donner à l’ancienne Meuse-Inférieure. La Province de Limbourg, la ville de Maestricht exceptée, fit partie du royaume de Belgique jusqu’en 1839, année au cours de laquelle – en vertu du traité des XXIV articles – sa portion orientale fut cédée définitivement aux Pays-Bas.


Bernard Coomans de Brachène

Membre de Pro Belgica
Administrateur de Pro Belgica

La province de Liège

On a longtemps cru que Liège tenait son nom de la rivière « Legia » qui portait, avant la conquête romaine, le nom celtique de « Glain » qui signifie « l’eau claire ». Cette origine est manifestement fausse. Une agglomération qui s’était formée au confluent du Glain et de la Meuse tomba dans le lot des rois au titre du domaine public, Vicus publicus ou Vicus leudicus (leud-icus, de leod : peuple), expression déclinant ensuite en Leudicum. D’après Godefroid Kurth, ce serait de ce Leudicum que seraient sortis les mots Leiodium, Leu dium, Legia, Legium, Lige (en wallon) et Liège.

L’actuelle province de Liège est, chacun le sait, l’héritage de l’ancienne principauté épiscopale du même nom.

Le pays de Liège a connu un développement entièrement différent de celui des autres territoires belges. Son évolution particulière a été largement influencée par deux faits prédominants : l’existence d’un cadre naturel (c’est-à-dire la vallée de la Meuse) et la vassalité, pendant de longs siècles à l’empire germanique.

Le territoire liégeois fut occupé primitivement par les Éburons qui furent exterminés par les Romains. Vers le milieu du IIIe siècle, une organisation épiscopale s’y établit.

Le christianisme fut introduit dans nos régions par les garnisons romaines des bords du Rhin et, plus particulièrement, par celle de Trèves, siège d’un épiscopat dés le milieu du IIIe siècle. Des évêchés distincts de celui de Trêves furent créés à Cologne par Saint Materne et à Tongres par Saint Servais au IVe siècle. Saint Monulphe transféra le siège de cet épiscopat à Maastricht vers l’an 500. Au début du VIIIe siècle, le Saint évêque Hubert, estimant Maastricht, sise au croisement de la chaussée Brunehaut et de la Meuse, un peu trop accessible aux invasions normandes, s’installa à Liège, qui n’était alors qu’un hameau où Saint Monulphe avait déjà bâti une chapelle 150 ans auparavant.

Les Normands saccagèrent en 881 tout le diocèse, y compris la nouvelle cité et formation qui après le départ des envahisseurs, prospéra rapidement, grâce à la proximité des « villæ » des rois carolingiens. En 925, le roi de Germanie, Henri l’Oiseleur, conquit la Lotharingie où se situait le diocèse de Liège et Othon 1er, son fils, l’attacha pour des siècles au Premier Empire. Les évêques de Liège devinrent ainsi des hommes liges de l’empereur à qui ils devaient prêter hommage en signe de sujétion. La Principauté de Liège proprement dite ne se constitua que vers 1100. Les évêques eurent, à cette époque, des vassaux tels que le comte de Hainaut et le comte de Namur. Le prince-évêque Otbert acheta au duc Godefroid, qui partait pour la Croisade, ses terres de Bouillon et de Couvin et il les joignit aux territoires qu’il contrôlait déjà, formant un fief puissant.

L’humeur batailleuse de certains princes-évêques s’opposa aux prétentions des princes voisins et, particulièrement, à celles des ducs de Brabant. Des guerres aux fortunes diverses s’ensuivirent. Henri 1er de Brabant brûla Liège en 1212 mais l’année suivante, les milices liégeoises, groupées autour de leur prince-évêque Hughes de Pierrepont, écrasèrent les Brabançons. Le Concordat de Worms (11 septembre 1122) qui abandonnait aux chanoines l’élection de leurs évêques fut un des éléments déterminants de la désagrégation de l’autorité impériale : l’influence allemande dans les territoires liégeois diminua progressivement et, petit à petit, le pays de Liège se dissocia pratiquement et spirituellement de la Germanie.
Dans la querelle qui opposa le pape aux princes allemands, Adolphe de la Marck, évêque de Liège (1313-1314), prit nettement position en faveur du Saint-Père et de son allié le roi de France ; ce dernier devint successivement arbitre, allié puis seigneur des évêques de Liège, dont les troupes combattirent pour lui notamment à Cambrai et à Tournai. Toutefois, ce changement de suzeraineté n’altéra pas pour autant la volonté d’indépendance des gens du pays de Liège qui continuèrent de tout mettre en œuvre pour échapper aux volontés des souverains étrangers.



Dans le même temps, le pays se transforma intérieurement. Le prince-évêque Albert de Cuyck avait octroyé en 1196, à la Principauté toute entière, une charte (photo) qui reconnaissait notamment la liberté individuelle de l’inviolabilité du domicile. C’était là un appréciable progrès social qui n’apportait toutefois pas la solution à tous les problèmes posés par l’évolution politique du XIIIe siècle.

En plus des guerres privées telle que la « guerre de la Vache » qui prit pour prétexte le vol, à Ciney, d’une génisse, et des interminables vendettas familiales des seigneurs féodaux, comme celle des Awans et des Waroux qui dura trente-neuf ans, des conflits naquirent entre les le prince et les Villes, les Chapitres cathédraux et les Nobles, les Grands (c’est-à-dire les riches propriétaires de houillères, maîtres de forges et fabricants d’armes) et les Petits qui constituaient la classe artisanale et prolétarienne. Les Petits, groupés en des communautés professionnelles qui, peu à peu, devinrent juridiques et politiques, n’acceptèrent plus de s’abandonner aux Grands. Les corporations prétendirent élire elles-mêmes leur bourgmestre. Alarmés par cette velléité d’indépendance, princes, clergé et noblesse se liguèrent contre les Petits qui, d’abord vaincus en 1251, remportèrent en 1313 une victoire sanglante, connue dans les annales liégeoises sous le nom de « Male Saint-Martin ». La paix d’Angleur, la paix de Fexhe en 1316 et la Paix des XXII en 1373 anéantirent le pouvoir politique des Grands et consacrèrent le triomphe des Corporations. Les princes-évêques durent partager le gouvernement avec leur Chapitre cathédral, leurs chevaliers et leurs villes, ces dernières personnifiées par les Métiers.

Au début du XVe siècle, les gens du pays de Liège, fort mécontents de leur prince-évêque Jean de Bavière, le déposèrent et élirent à sa place Thierry de Hornes. Les familles de Bourgogne et de Bavière, auxquelles l’évêque déposé était allié, intervinrent et leurs armées réunies écrasèrent, le 23 septembre 1408, les milices liégeoises dans la plaine d’Othée et, pendant neuf ans, la Principauté de Liège vécut sous un régime absolutiste.

Vers le milieu du XVe siècle, les Liégeois épousèrent fougueusement la querelle de leur suzerain Louis XI, roi de France, et ils entrèrent en guerre contre Philippe le Bon. Mal leur en prit : Liège, Dinant et la plupart des villes de la Principauté furent saccagées et perdirent tous leurs privilèges et monopoles. Ce ne fut qu’à la mort du Téméraire que le pays de Liège se releva et, en 1492, la France et les Pays-Bas reconnurent sa neutralité.

Après les effroyables épreuves du XVe siècle, la Principauté de Liège connut une période plus calme, sous le règne du prince-évêque Erard de la Marck (photo ci-dessous) et sous celui de ses successeurs. La cité de Liège reconstruisit ses murailles et ses tours. Dinant et les autres villes saccagées renaquirent de leurs cendres. L’industrie houillère, les forges du pays de Liège, l’orfèvrerie et l’agriculture prirent un essor nouveau. Le peuple liégeois reconquit rapidement une position privilégiées et les pouvoirs des Métiers de tardèrent pas à dépasser ceux du clergé et de la noblesse. En 1500, l’Etat de Liège fut incorporé dans le cercle de Westphalie par l’empereur Maximilien, ce qui fit de la cité, une ville impériale et presque libre puisqu’elle ne relevait que d’un monarque, l’empereur romain germanique, qui n’avait en fait qu’une semblant d’autorité. L’avènement des princes-évêques de la maison de Bavière, au trône de Saint Lambert, rompit cette ère de prospérité et de paix. Des troubles éclatèrent auxquels Maximilien de Bavière mit fin en promulguant le « Règlement de 1684 » qui abolissait les privilèges des Métiers et attribuait aux princes des droits absolus.


En 1789, électrisés par l’exemple des Parisiens qui venaient de prendre la Bastille, les Liégeois se soulevèrent contre leur prince-évêque César de Hoensbroeck (photo ci-dessous). Les Etats réunis du pays de Liège » proclamèrent sa déchéance. Les princes du cercle de Westphalie envoyèrent des troupes et la révolution liégeoise se termina par le rétablissement de César de Hoensbroeck. La répression qui suivit provoqua une émigration massive vers la France. En 1792, l’armée de la jeune République française, qui comptait dans ses rangs une « Légion belge » composée en majeure partie de réfugiés politiques liégeois, envahit la Belgique que la Convention annexa le 9 vendémiaire de l’an IV, c’est-à-dire le 1er octobre 1795.


La Principauté de Liège, amputée des territoires qu’elle avait possédés dans le Hainaut, le Namurois et le Luxembourg, devint alors le département de l’Ourthe et, en 1830, une des neuf provinces de la Belgique indépendante.

S.M. le Roi Albert, fils puiné du roi Léopold III et 6ème Roi des Belges, reçut le titre de Prince de Liége le 7 juin 1934 en hommage à la Résistance de la ville durant la Première Guerre Mondiale.


Bernard Coomans de Brachène
Membre de Pro Belgica
Administrateur de Pro Belgica

La province de Hainaut

Certains auteurs ont exprimé l’avis que « Hainaut » pourrait venir du celtique Haie, Haig ou Hag, qui signifie forêt et de Nauw (épais, serré). Le pays était effectivement couvert jadis de bois touffus, mais d’autres régions gauloises portaient des forêts, plus épaisses encore que celles du Hainaut et le terme Haig ou Hag n’est pas pour autant intervenu dans la formation de leur nom. Il serait peut être plus conforme à la réalité de constater que le mot Gau ,Gaw ou Gow correspondant au latin Pagus, signifierait dans le langage des francs, district ou canton et de conclure que le « Hanagavensis comitatus » des écrivains latins, qui a par la suite été désigné par les expressions Hannonia, Hagensis, Hagnovium, Henau, Hainaut, fut peut-être tout simplement le Gau – district ou canton – de la Hana, de la Haine (Haina Hagina). La Haina pourrait être « l’eau des herbages » ou « la rivière des bois », ce qui serait vraisemblable puisque l’ancien Hainaut était dans sa plus grande partie recouvert par la Forêt charbonnière.

Les investigations dans le domaine de la langue finnoise porteraient, paraît-il, à admettre pour Haine, nom de rivière, une filiation avec Hanhi (oies) et Hanonia, nom de la région arrosée par cette rivière pourrait venir de Hanhoen (élevage ou abondance d’oies). Or on sait que la Belgique fournissait en abondance des oies à Rome.

Le territoire du Hainaut actuel fut habité primitivement par les Nerviens qui, réunis aux Atrébates et aux Véromandiens et conduits par Boduognat, furent défaits par les légions de César.
Envahi par les Francs, le Hainaut fit successivement partie intégrante de l’Austrasie, du royaume, puis du duché de Lotharingie et, dès le milieu du Xe siècle, du duché de Basse-Lotharingie. Son territoire était gouverné par un fonctionnaire qui portait, depuis 678, le nom de « Comes », d’où est venu le nom « Comte » ou « Gaugraf » en langue franque. Cette dignité, qui fut d’abord personnelle et révocable, ne devint héréditaire qu’au début du Xe siècle.

Accolé au sud de la frontière française, resserré entre la principauté épiscopale de Liège et celle de Cambrai, le Hainaut sembla tout d’abord destiné par être absorbé par ses voisins. Sans doute l’eût-il été si ses comtes n’avaient possédé la meilleure forteresse du temps : leur château de Mons, qui leur permit de résister à toutes les tempêtes et à tenir tête à la maison d’Ardenne que l’empereur avait dressée contre eux .

Ce fut le roi de Lotharingie Charles le Simple qui nomma premier comte héréditaire de Hainaut un petit-fils de l’empereur Lothaire, Régnier au Long Col. Ce personnage, batailleur et indépendant, était le fils de Gislebert, comte des Pays de Masau et de Lomme, qui avait épousé la princesse Ermengarde, puisque le Hainaut faisait partie de la Basse-Lotharingie, qui appartenait elle-même à l’empire germanique, Régnier au Long Col était donc feudataire de l’empereur, mais cette suzeraineté était plus nominale que réelle. En effet, pas plus que les grands feudataires lotharingiens, Régnier au Long Col n’accepta jamais l’autorité impériale que pour autant qu’elle demeure fictive.

La chronologie des premiers dynastes hennuyers est fort incertaine. Il semble que Régnier II succéda à son père vers 916. Son fils, Régnier III, devint comte en 932 ; il entra en conflit avec l’archevêque-duc Bruno et l’on croit qu’il mourut en exil, en Bohême, vers 958. L’empereur confia alors le Hainaut à divers personnages qui se nommaient Richer, Garnier, Renaud, Arnould et Godefroid, auxquels le fils de Régnier III, Régnier IV, disputa son héritage. Après une longue guerre aux fortunes diverses, Régnier V épousa Mathilde, nièce du duc de Lotharingie, Godefroid 1er et fit, par ce mariage, disparaître les prétentions de la maison d’Ardenne sur le Hainaut. Il mourut vers 1040 laissant, selon le chroniqueur Jacques de Guise, une fille nommée Richilde (photo ci-contre), qui épousa Herman, fils du duc de Thuringe. Le comte Herman mourut vers 1051 et sa veuve Richilde épousa en secondes noces Baudouin de Mons, fils de Baudouin V de Flandre.

Baudouin Ier de Mons ou, si l’on préfère, Baudouin VI de Flandre, gouverna le Hainaut avec autant de prudence que de justice et de bonté. Il mourut vers 1070 et son fils Arnould, âgé de 15 ans, devint comte de Flandre et de Hainaut sous la tutelle de sa mère Richilde. Cette première union des comtés voisins ne dura guère : Robert le Frison, frère de Baudouin VI de Flandre, souleva bientôt la Flandre maritime contre son jeune neveu qui périt à la bataille de Cassel, le 23 février 1071. La comtesse Richilde continua une lutte sans espoir contre son beau-frère qui finit par lui laisser le Hainaut et conserva la Flandre. Le fils cadet de Richilde devint comte de Hainaut sous le nom de Baudouin II.

Son fils Baudouin III, qui lui succéda en 1098, épousa Yolande de Gueldre et mourut en 1120. Son héritier fut Baudouin IV, qui mérita le surnom de « Bâtisseur » en fortifiant Mons, le Quesnoy, Binche, Beaumont et Braine-la-Willotte qui changea de nom et s’appela dorénavant Braine-le-Comte. A sa mort, la couronne comtale passa à son fils Baudouin V, appelé « le Courageux » en souvenir de la victoire de Carnière remportée sur le duc de Brabant. Baudouin V obtint de l’empereur Barberousse l’investiture du comté de Namur, érigé pour lui en marquisat et qui releva féodalement du Hainaut jusqu’au règne de Philippe le Bon. Baudouin mit adroitement fin à la querelle entre le Hainaut et la Flandre en épousant Marguerite, sœur de Philippe d’Alsace. Le fils issu de cette union, Baudouin, devint empereur de Constantinople (photo ci-dessous, statue de Baudouin VI érigée à Mons en 1868).


Il périt sous les murs d’Andrinople et laissa deux filles, Jeanne et Marguerite de Constantinople, qui furent tour à tour comtesse de Hainaut et de Flandre.

Les fils de Marguerite de Constantinople issus de ses deux mariages successifs avec Bouchard d’Avesnes et de Guillaume de Dampierre se disputèrent l’héritage maternel.

En 1256, Saint-Louis arbitra leur querelle en attribuant la Flandre aux Dampierre et le Hainaut aux Avesnes.
Peu satisfait de ce partage, Jean d’Avesnes continua la lutte. Pour fortifier sa position, il conclut alliance avec le duc Henri II de Brabant et il épousa la comtesse Aélide, sœur de Guillaume de Hollande qui, à cause des liens de vassalité assujettissant la Zélande à la Flandre, était hostile aux Dampierre.

Jean d’Avesnes, qui ne fut donc jamais effectivement comte de Hainaut eut 5 fils dont l’ainé se qualifia « damoisel du Hainaut » et fut inauguré compte de Hainaut en 1280, à la mort de Marguerite de Constantinople. Le comté de Hollande, dont il était par sa mère le plus proche héritier, lui échut, lorsque le fils du comte Florent V mourut sans postérité.

Jean II d’Avesnes (photo ci-contre) passa de vie à trépas en 1304. Son fils ainé, Jean sans Merci, ayant été tué deux ans auparavant à la bataille des Eperons d’Or, ce fût le puiné, Guillaume d’Ostrevant, qui devint comte de Hainaut. Ce jeune prince avait pris une part active à la lutte que son père avait soutenue contre les Dampierre. Vainqueur de Flamands à Kadzand et à Zierikzee, il avait soumis le comté de Zélande. Comte de Hainaut, de Hollande, de Zélande et Seigneur de la Frise, il régna jusqu’en 1337 et des réformes d’ordre social réprimant les actions de la noblesse lui valurent le surnom de « Guillaume le Bon ». Son fils devint comte en 1337, sous le nom de Guillaume II.

Le dernier descendant direct de la maison d’Avesnes fut tué en 1345 et ses possessions passèrent à sa sœur, Marguerite de Hainaut (photo ci-contre), qui avait épousé l’empereur Louis de Bavière. L’impératrice d’Allemagne vint en personne prendre possession du Hainaut. Elle mourut au Quesnoy en 1356 et son fils devint comte du Hainaut. Deux ans après, il sombra dans une démence furieuse : la régence fut assumée par son frère cadet Albert de Bavière, qui hérita des domaines de Guillaume III l’Insensé à la mort de celui-ci, survenue en 1377 selon les uns, en 1388 selon les autres.

Le fils ainé d’Albert de Bavière et de Marguerite de Lichnitz lui succéda sous le nom de Guillaume IV.Guillaume IV, qui avait épousé la fille du duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, n’eut qu’une fille, Jacqueline de Bavière.

Cette jeune princesse, née en 1401, fut fiancée à l’âge de cinq ans à Jean de Touraine qu’elle épousa en 1415, lorsqu’il fût devenu Dauphin de France. Après deux ans de mariage, son jeune époux mourut, empoisonné par les Armagnacs. L’année suivante, Jacqueline de Bavière, alors âgée de dix-sept ans, convola avec Jean IV, duc de Brabant. Elle abandonna vite son deuxième mari et se remaria aussitôt avec le frère du roi d’Angleterre, Humphroy de Gloucester, qui réclama immédiatement au duc de Brabant les Etats de sa femme. Jean IV se refusa à cette restitution. Il en appela au duc de Bourgogne qui, voyant là un excellent moyen d’ajouter à ses propres domaines des terres nouvelles, soutint militairement les Brabançons dans la guerre qui s’engagea. Gloucester, comprenant que la partie était perdue à l’avance, s’en retourna en Angleterre.

En dépit de ses mariages successifs, Jacqueline de Bavière – qui avait ensuite épousé François de Borselen – mourut sans postérité en 1436. Le comté de Hainaut fut alors englobé dans les domaines de Philippe le Bon et il connut le même sort que les autres principautés belges.

Sous l’occupation française, l’ancien comté de Hainaut devint le département de Jemappes dont la configuration géographique était à peu près celle de l’actuelle province de Hainaut. En 1859, le titre de comte de Hainaut fut conféré au prince Léopold-Ferdinand, petit-fils de Léopold 1er, mais cet enfant mourût à l’âge de 10 ans.

Le 10 septembre 1930, S.M. Albert 1er décida que son petit-fils, le prince Baudouin, porterait ce même titre qui, à l’avenir, sera toujours celui du fils ainé du duc de Brabant. Le prince Baudouin abandonna le titre de comte de Hainaut lorsqu’il hérita de celui de duc de Brabant.

Bernard Coomans de Brachène
Membre de Pro Belgica
Administrateur de Pro Belgica

La province d'Anvers

La Légende confond dans un même récit l’origine des noms de l’ancien duché de Brabant et de la Ville d’Anvers. Celui de cette dernière désigne, depuis l’accession de la Belgique à l’indépendance, la province dont cette grande cité est devenue le chef-lieu.

De vieux auteurs racontent qu’avant l’arrivée de César dans les Gaules, un géant nommé Antigon avait établi sur l’Escaut son repaire, d’où il obligeait tous ceux qui passaient à lui abandonner la moitié de ce qu’ils portaient ; à ceux qui refusaient, il coupait la main droite qu’il jetait dans le fleuve. Comme en flamand « hand » signifie « main » et « werpen », « jeter », on expliqua le nom d’ « Hantwerpen » puis « Antwerpen » par la manie de cet incommode personnage. Un vieux latiniste mit l’explication en distique :

« Projectœ fecere manus, rigidique tributum
Antigoni, magnum tibi, magna Antuerpia, nomen »


Au XVIIe siècle, un auteur français, l’abbé Moreri, mit ce récit au rang des contes, sans fondement historique. « Il suffit de remarquer, dit-il, qu’Antwerpen signifie « une levée avancé » et qu’Anvers a pour blason son ancienne porte triangulaire avancée sur l’Escaut. C’est elle seule qui a fait le nom de la ville et les mains qu’on y a ajoutées depuis sont des pièces parlantes, à cause du mot « handt » qui signifie « main ». Tout ce qu’on dit de mains jetées est pure fable. »

L’étymologie d’Anvers ainsi déterminée il y a deux siècles par le célèbre biographe français est celle que confirme M. Albert Carnoy. Antwerpen, dit-il, est un nom qui a perdu beaucoup de son auréole romanesque depuis qu’il est apparu n’avoir aucun rapport avec des mains coupées, mais perpétuer simplement le mot néerlandais « andwerp » (digue, jetée)

Ajoutons que les auteurs ayant plus particulièrement fait des recherches dans les langues scandinaves croient pouvoir avancer que « and » étant en langue islandaise un préfixe marquant une proximité et « varp » signifiant changer brusquement de direction, tandis que le suffixe « inn » tient lien d’article déterminatif, « and-werp-inn » désignerait un tournant brusque, un coude, ce qui correspond précisément à la situation d’Anvers sur l’Escaut.

Le territoire actuel de la province d’Anvers fut habité par les Ambivarites pendant la période gauloise. Il fit ensuite partie du royaume franc d’Austrasie et forma plus tard le pays de Ryen qui devint ultérieurement le marquisat d’Anvers et du Saint-Empire, dépendance du duché de Brabant et de l’empire germanique.
De 1795 à 1815, le marquisat d’Anvers forma le département des Deux-Nèthes, dont le chef-lieu était la ville d’Anvers.

Bernard Coomans de Brachène
Membre de Pro Belgica
Administrateur de Pro Belgica

Distribution des drapeaux d'honneur en 1832

Le Congrès national de Belgique décide, le 28 mai 1831, que des drapeaux dʼhonneur seraient remis aux communes qui, pendant la révolution de septembre, avaient envoyé des secours aux combattants de la capitale. Les contraintes de lʼorganisation de la nouvelle administration, le choix du chef de lʼEtat, lʼinvasion de lʼarmée hollandaise avaient repoussé la réalisation de ce projet.

Il fallut donc attendre le 27 septembre 1832 pour voir aboutir ce souhait. Le gouvernement organisa lʼévénement place Royale à Bruxelles à lʼendroit même où le premier sang belge coula pour lʼIndépendance et où fût intronisé le premier Roi des Belges. Une vaste estrade adossée à lʼéglise de Saint-Jacques supportait un dôme couvert de bannières tricolores qui abritait le trône royal. Deux statues placées à côté de deux lions majestueux représentaient la Constitution et la Force. Une statue colossale de la Belgique dominait lʼédifice et la place.

A midi, les délégués des communes, précédés des blessés de septembre, se placèrent sur lʼestrade sous les applaudissements de la foule. Partout, sur la place, aux balcons et fenêtres, jusquʼaux toits des hôtels, les spectateurs acclamèrent lʼévénement. Une salve dʼartillerie annonça lʼarrivée du Roi. La Commission des récompenses et son président M. Gendebien lʼaccueillirent au pied de lʼestrade.

Le président de la Commission prit la parole et le Roi poursuivit par ces mots «Jʼéprouve une vive satisfaction de pouvoir prendre part en personne à une solennité dont la législature a décrété la célébration. Les événements dont ce jour est lʼanniversaire ont consacré lʼindépendance de la Belgique. A ce titre, ils ont droit à la commémoration la plus éclatante. Cʼétait pour repousser lʼenvahissement du sol de la Belgique, pour défendre vos foyers et tout ce quʼun citoyen peut avoir de plus cher, que vous aviez pris les armes. Votre bravoure a obtenu le succès le plus complet. Une armée ennemie, supérieure en nombre, composée de forces régulières et bien organisées, a dû vous céder le terrain. Vous avez su la refouler jusque dans son propre pays ; vous nʼavez été arrêtés que par votre modération. Vous avez mérité le signe glorieux que la reconnaissance publique offre à chacune des communes venues au secours de la capitale.» Le Roi, accompagné du ministre de lʼIntérieur, remis successivement les drapeaux dʼhonneur aux communes désignées par le Congrès national.

La liste des 100 communes parue au Moniteur du 28 septembre 1832.:

Aerschot, Alost, Andennes, Anderlecht, Ans-et-Glain, Anvers, Arlon, Ath, Bastogne, Binche, Boom, Bouillon, Braine-lʼAlleux, Braine-le-Comte, Bruges, Bruxelles, Charleroy, Châtelet, Courtray, Couvin, Diest, Dinant, Dison, Dour, Enghien, Ensival, Fayt, Fleurus, FontainelʼEveque, Gand, Gembloux, Genappe, Gheel, Saint-Ghislain, Gosselies, Grâce-Montegnée, Grammont, Grez-Doiceau, Hal, Hasselt, Herenthout, Hermée, Herselt, Herstal, Herve, Héverlé, Hodimont, Huy, Ixelles, Jemappe, Jemeppes, Jodoigne, La Hestre, La Hulpe, Leeuw-saint-Pierre, Leuze, Liège, Lierre, Louvain, Luxembourg, Maeseyck, Maffles, Meerhout, Menin, Meslin-lʼEvêque, Molenbeck-saint-Jean, Moll, Mons, Morlanwelz, Namur, Neufchâteau, Nivelles, Ostende, Overyssche, Paris, Péruwelz, Perwez, Philippeville, Quaregnon, Quievrain, Rebecq-Rognon, Renaix, Roulers, Ruremonde, Saintes, Sclayn, Seneffe, Soignies, Termonde, Tervueren, Thielt, Thuin, Tirlemont, Tournay, Venloo, Verviers, Waterloo, Wavre, Westerloo.

Léopold de Saxe-Cobourg, le choix pour un roi

Le 18 novembre 1830, peu après le début de la Révolution belge, l’indépendance est proclamée officiellement, même si celle-ci est effective depuis le 4 octobre 1830. A cette date un Congrès National avait déjà été mis en place, à la tête duquel fut placé, après trois tours de scrutins, le baron Erasme-Louis Surlet de Chockier.

Le 19 novembre, 173 suffrages se portent en faveur d’une monarchie alors que seulement 17 voix se sont élevées pour une république. Cette monarchie sera constitutionnelle, représentative, avec un chef héréditaire, et dont sera exclu perpétuellement tout membre de la Maison de Nassau, précédente puissance qui gouverna la Belgique de 1815 à 1830.

A une monarchie, il faut un roi. Dans ce cas-ci, c’est le Congrès National qui se prononcera par voix de vote pour élire le souverain. Mais la personne qui serait choisie devrait également répondre à l’assentiment des grandes puissances.

Différentes familles nobles étaient bien ancrées dans la Belgique, et certains de leurs représentants s’étaient d’ailleurs illustrés durant la Révolution. L’une des plus illustres et qui avait donné deux figures aux événements de septembre 1830 était la famille de Merode, avec les comtes Félix et Frédéric, dont le dernier avait été blessé mortellement aux combats. Néanmoins, ces familles nobles n’appartenaient pas à des familles souveraines et les puissances s’étaient exprimées sur le fait qu’elles verraient un tel acte avec autant de déplaisir que l’avènement d’une république.

Le nom du duc Auguste de Leuchtenberg (1810-1835) circula en janvier 1831. Il était le fils d’Eugène de Beauharnais, fils adoptif de l’empereur Napoléon, et de la princesse Augusta de Bavière. La France était opposée à cette candidature déposée par le baron de Stassart, qui, à l’heure de la Restauration rappelait le souvenir de l’épopée impériale.

Face à la candidature de Leuchtenberg, se profila avec plus de chances celle du prince Louis d’Orléans (1814-1896), duc de Nemours, fils du roi Louis-Philippe Ier des Français. Cette candidature trouvait un certain soutien au sein de l’opinion publique, mais certains députés ainsi que les puissances voyaient d’un mauvais œil que le jeune fils du roi de France hérite d’un nouvel État qu’il aurait été très facile pour la France d’annexer. Louis-Philippe était par ailleurs très conscient de la réticence des puissances, avec en tête le Royaume-Uni. La candidature est tout de même déposée par 52 membres du Congrès.

Un premier scrutin eut lieu le 3 février 1831 opposant le duc de Nemours, le duc de Leuchtenberg et l’archiduc Charles-Louis d’Autriche (1771-1847). Ce dernier était le fils de l’empereur Léopold II d’Autriche et avait l’avantage d’être le dernier gouverneur général des Pays-Bas autrichiens.

Au premier tour, sur 191 votants, 89 voix allèrent au duc de Nemours, 67 au duc de Leuchtenberg et 35 échurent à l’archiduc. La majorité absolue exigée étant de 96, les résultats imposaient un deuxième tour. Celui-ci fut réalisé avec 192 votants, déplaçant la majorité absolue de 96 à 97 voix. Les résultats étaient les suivants : 97 pour Nemours, 74 pour Leuchtenberg et 21 pour Charles-Louis. Le fils du roi des Français fut donc élu roi des Belges et une délégation belge fut envoyée en direction de Paris pour offrir officiellement la couronne au jeune prince.

Durant ce temps, des négociations eurent lieu entre le Royaume-Uni et la France, en la personne de Talleyrand. La France était consciente qu’accepter le trône belge pourrait nuire à la paix européenne, dès lors un accord fut conclu de manière que la puissance britannique rejette également la candidature bonapartiste de Leuchtenberg. Le 17 février 1831, le roi Louis-Philippe Ier refuse donc la couronne au nom de son fils, devant la délégation belge, au Palais-Royal.
Tout était à refaire. D’autres noms, moins plébiscités, avaient bien circulé : le prince Ferdinand de Savoie (1822-1855), duc de Gênes, fils de Charles-Albert de Savoie (futur roi de Sardaigne) ; le prince Charles-Ferdinand de Bourbon des Deux-Siciles (1811-1862), prince de Capoue, fils du roi François Ier des Deux-Siciles ; le prince Jean de Saxe (1801-1873), fils de Maximilien de Saxe et qui régnera de 1854 à 1873 sur la Saxe ; ainsi que le prince Othon de Bavière (1815-1867), fils du roi Louis Ier de Bavière et qui deviendra en 1833 le premier roi de la Grèce moderne.

Finalement ce sont les candidatures de Charles-Ferdinand de Bourbon des Deux-Siciles, du prince Jean de Saxe et du prince Othon de Bavière qui sont réexaminées.

Charles-Ferdinand, candidature du ministre de France à Bruxelles, est soutenu par la France du bout des lèvres : il est le neveu de la reine Marie-Amélie, née princesse de Bourbon des Deux-Siciles, mais il est également l’oncle du comte de Chambord, prétendant légitimiste au trône de France. Mais de toute façon, la candidature a peu de chance d’aboutir car la Maison auquel le prince appartient est considérée alors comme l’une des plus réactionnaires d’Europe. Le prince Othon, lui, convient à l’Allemagne ainsi qu’au Royaume-Uni. Officieusement, il s’agit également de la carte du roi Louis-Philippe qui voit déjà une alliance matrimoniale entre ce prince bavarois et une de ses filles. Mais l’opinion publique n’apprécie pas ce choix.

Dans cette confusion, le prince Frédéric d’Orange-Nassau (1797-1881), second fils du roi Guillaume Ier des Pays-Bas, fait savoir qu’il est prêt à ceindre la couronne belge. Ce prince avait commandé les troupes envoyées par son père à Bruxelles pour calmer les insurgés. La candidature fut même déposée par le député d’Ostende et fit grand bruit au sein du gouvernement provisoire.

Dans cette cacophonie, M. Paul Delvaux évoque pour la première fois la personne de Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha et rappelle ensuite celle du duc de Leuchtenberg dont ce dernier se désiste de son propre chef.

Peu à peu, les partisans du prince d’Orange augmentèrent, et on avait déjà eu à réprimer une conspiration orangiste à Gand. Dès lors le 23 février 1831, le Congrès, avec 112 voix pour et 12 voix contre, installe une régence provisoire. Elle est dévolue au baron Surlet de Chockier, un libéral, élu avec 108 suffrages sur un total de 157, qui était face au comte Félix de Merode.
La candidature du prince Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha apparaît alors comme celle apportant le plus de garanties. Candidat avancé par le Royaume-Uni, il convient à la Russie, à l’Autriche, à la Prusse et Talleyrand a défendu sa personne au près de Louis-Philippe. Le 20 avril une mission belge, composée de 4 membres du Congrès, est envoyée à Londres à la rencontre du prétendant. Lors d’une entrevue à Marlborough House, Léopold et le baron Stockmar, un fidèle, reçoivent la délégation. Le prince anglo-allemand semble accepter l’offre qui lui est faite mais demande que la question des frontières soit réglée comme celle de la dette.

Il déclarait alors : « Pour que mon élection soit possible, et qu’elle soit utile à votre cause, il faut qu’elle emporte la solution de vos difficultés territoriales et financières ; il faut que la Belgique et son roi puissent être reconnus par l’Europe. Je ne saurais accepter la souveraineté d’un État dont le territoire serait contesté par toutes les puissances ; ce serait, sans profit pour vous, me constituer, en mettant le pied sur le sol belge, en hostilité avec tout le monde.
Toute mon ambition est de faire le bonheur de mes semblables. Dès ma jeunesse, je me suis trouvé dans des positions si singulières et si difficiles, que j’ai appris à ne considérer le pouvoir que sous un point de vue philosophique ; je ne l’ai désiré que pour faire le bien, et un bien qui reste. Si certaines difficultés politiques, qui me semblaient s’opposer à l’indépendance de la Grèce, n’avaient surgi, je me trouverais maintenant dans ce pays ; et cependant je me dissimulais pas quels auraient été les embarras de ma position. Je sens combien il est désirable pour la Belgique d’avoir un chef le plus tôt possible ; la pais de l’Europe y est même intéressée. »

Le 4 juin 1831, Léopold est élu roi des Belges avec 152 voix pour et 43 voix contre. Alors qu’une délégation, avec à sa tête Adrien de Gerlache, est chargée de remettre le décret d’élection au prince à Londres, Devaux et Nothomb négocient à la Conférence de Londres quant aux limites géographiques du nouvel État, aboutissant à la conclusion le 9 juillet du traité des XVIII articles.

Le 16 juillet, Léopold est informé de la précédente adoption à la Conférence qui correspond à ses attentes. Il embarque donc le jour même vers Calais, accompagné de Jules Van Praet, qui deviendra l’un des plus proches collaborateurs du roi, de son aide de camp sir Henry Seton (qui retournera par lui suite au Royaume-Uni) et de dix serviteurs. Il pose son pied sur le sol belge le 17 juillet à La Panne et passe ensuite par les villes de Furnes, Ostende, Bruges, Gand et Alost.

Le 19 juillet 1831, le presque roi Léopold rentre à Bruxelles à 22h30. Il est reçu par le régent, son gouvernement et les membres du Congrès. La prochaine étape se déroulera le 21 juillet, où Léopold prêtera serment et deviendra le premier roi du royaume de Belgique.

Valentin Dupont
Membre de Pro Belgica
Webmaster de Pro Belgica Hainaut