mercredi 5 octobre 2011

La province du Limbourg

Le mot « Limbourg » – qui s’orthographiait en 1093 « Lintburch » et « Lemburg », ce qui signifie « bourg aux tilleuls » - a d’abord désigné une localité de l’actuel arrondissement de Verviers puis il est passé au duché de Limbourg et, plus récemment, à la province du même nom qui est constituée, non pas par le pays de Limbourg mais par l’ancien comté de Looz.

Lorsque Jules César entreprit la conquête des Gaules, il trouva dans l’Eburonnie, l’autorité partagée entre deux chefs dont l’un, Ambiorix, commandait à la partie du pays correspondant au futur duché du Limbourg et l’autre, Cativulx, à celle qui fut plus tard la Principauté de Liège. Les Francs Saliens s’y établirent au commencement du Ve siècle et, lors du partage de l’empire de Charlemagne, le Limbourg fit partie des possessions de Lothaire.

Le premier seigneur héréditaire limbourgeois sembla avoir été, au début du XIe siècle, Frédéric, fils puiné du comte de Luxembourg. Judith, fille de Frédéric de Luxembourg, épousa Waléran II, comte d’Arlon, qui descendait des comtes d’Ardenne par son père, des rois de France et des empereurs d’Allemagne de la maison de Saxe, par sa mère. Ce Waléran prit le titre de comte de Limbourg et fonda une dynastie qui compta notamment Henri de Limbourg. Ce prince succéda, en 1100, à Godefroid de Bouillon dans la dignité de duc de Lothier que l’empereur Henri IV lui retira, six ans après, pour la donner à Godefroid le Barbu, comte de Louvain. La descendance masculine des comtes de Limbourg s’éteignit avec Waleran IV. Son gendre, Renaud de Guelde, prit, vers 1270, la qualité de duc de Limbourg. Il fut vaincu et fait prisonnier à la bataille de Woeringen à la suite de laquelle Jean Ier annexa à son duché de Brabant, celui de Limbourg. Depuis cette époque – ou, plus exactement, depuis l’extinction des comtes de Fauquemont qui poursuivirent la lutte contre les Brabançons – et jusqu’à la Révolution française, le Limbourg n’eut plus d’existence individuelle.

La configuration de la province de Limbourg moderne est approximativement celle de l’ancien comté de Looz dont l’origine n’est pas connue avec certitude mais semble devoir être cherchée dans un démembrement du domaine campinois que possédait, vers l’an 1000, le comte Ansfrid, évêque d’Utrecht.Le siège primitif de ce comté semble avoir été Hufte ou Hocht, localité voisine de Maestricht. Au début du XIe siècle, il fût transféré à Looz où l’existence d’un château fort est signalée dans un acte de 1016. Cette forteresse était la résidence habituelle de comtes qui en prirent le nom pour le donner ensuite à leur comté dont le plus ancien seigneur connu fut Gielebert que l’on trouve cité, avec la qualification de « Comes de Looz », de 1015 à 1034.

Hemricourt, l’historien des nobles de la Hesbaye, rapporte que Jeanne de Looz, fille unique du comte Arnould de Looz, épousa, contre la volonté paternelle, son écuyer, Guillaume d’Oreye, dont elle eut un fils, Arnould de Rummen, qui revendiqua le comté de Looz que son oncle, Louis de Looz, avait légué à un autre des ses neveux, Thierry de Heinsberg. Une guerre s’ensuivit qui se termina par l’assaut victorieux des Liégeois contre le puissant château fort de Rummen et la réunion définitive du comté de Looz à la principauté de Liège.A partir de 1366 et jusqu’en 1581, les princes-évêques de Liège se firent inaugurer à Looz en tant que comtes de Looz et y prêtèrent le serment de maintenir les droits, privilèges, franchises et anciennes coutumes de leur comté.

Sous l’occupation française, l’ancien comté lossain devint le département de la Meuse inférieure avec Maestricht comme préfecture. Le 12 septembre 1814, les territoires situés à la droite de la Meuse et faisant partie des anciens départements de la Meuse-Inférieure, de l’Ourthe et de la Sambre-et-Meuse, furent réunis en un département « de la Meuse et de l’Ourthe » ayant Liège comme chef-lieu.

Un an plus tard, le roi Guillaume décida de reprendre le nom perdu de Limbourg et de le donner à l’ancienne Meuse-Inférieure. La Province de Limbourg, la ville de Maestricht exceptée, fit partie du royaume de Belgique jusqu’en 1839, année au cours de laquelle – en vertu du traité des XXIV articles – sa portion orientale fut cédée définitivement aux Pays-Bas.


Bernard Coomans de Brachène

Membre de Pro Belgica
Administrateur de Pro Belgica

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