La journée du 21 juillet 1831 débuta par la remise des clefs de la ville de Bruxelles à Leopold par le bourgmestre Roupon, à la porte d’Anvers.
Ensuite le convoi se dirigea vers la Place Royale où une estrade avait été construite au bas du perron de l’église Saint-Jacques-sur-Coundenberg. Tous les hauts dignitaires du pays étaient présents, ainsi qu’une foule qui, dit-on, remplissait le Parc et la place des Palais, poussant des vivats enthousiastes.
A 13h15, la cérémonie débuta par la remise solennelle des pouvoirs du régent Surlet de Chockier à Etienne de Gerlache, président de la Chambre des Représentants. Ensuite, quatre secrétaires du Congrès s’avancèrent. Le vicomte Charles Vilain XIII s’adonna à une lecture de la Constitution, suivie par une lecture du serment faite par Jean-Baptiste Nothomb. Enfin, Charles Liedts, secrétaire du Congrès National, présenta à celui qui allait devenir roi la plume avec laquelle il signa le procès verbal de la cérémonie qu'il remit ensuite à Charles de Brouckère.
Léopold put alors prononcer le serment : « Je jure d’observer la Constitution et les lois du peuple belge, de maintenir l’indépendance nationale et l’intégrité du territoire ». Ce serment n’a depuis lors pas changé pour les différents rois des Belges qui l’ont prononcé.
Le désormais roi Léopold s’adonna dès lors à ce discours : « La promptitude avec laquelle je me suis rendu sur le sol belge a dû vous convaincre que, fidèle à ma parole, je n’ai attendu pour venir au milieu de vous que de voir écarter par vous-mêmes les obstacles qui s’opposaient à mon avènement au trône. Les considérations diverses exposées dans l’importante discussion qui a amené ce résultat feront l’objet de ma plus vive sollicitude. J’ai reçu, dès mon entrée sur le sol belge, les témoignages d’une touchante bienveillance, j’en suis encore aussi ému que reconnaissant. A l’aspect de ces populations ratifiant par leurs acclamations l’acte de la Représentation nationale, j’ai pu me convaincre que j’étais appelé par le vœu du pays, et j’ai compris tout ce qu’un pareil accueil m’impose de devoirs. Belge par votre adoption, je me ferai aussi une loi de l’être toujours par ma politique. J’ai été également accueilli avec une extrême bienveillance dans la partie du territoire français que j’ai traversée, et j’ai cru voir dans ces démonstrations, auxquelles j’attache un haut prix, le présage heureux des relations de confiance et d’amitié qui doivent exister entre les deux pays. Le résultat de toute commotion publique est de froisser momentanément les intérêts matériels. Je comprends trop bien leur importance pour ne pas m’attacher immédiatement à concourir par la plus active sollicitude à relever le commerce et l’industrie, ces principes vivifiants de la prospérité nationale, mais j’aime à croire que le Peuple belge, si remarquable à la fois par son sens droit et par sa résignation, tiendra compte au gouvernement des difficultés d’une opposition qui se lie à l’état de malaise dont l’Europe presque tout entière est frappée. Je veux m’environner de toutes les lumières, provoquer toutes les vues d’amélioration, et c’est sur les lieux mêmes, ainsi que j’ai déjà commencé à le faire, que je me propose de recueillir les notions les plus propres à éclairer sous ce rapport la marche du Gouvernement. Messieurs, je n’ai accepté la couronne que vous m’avez offerte qu’en vue de remplir une tâche aussi noble qu’utile, celle d’être appelé à consolider les institutions d’un Peuple généreux et de maintenir son indépendance. Mon cœur ne connait d’autre ambition que celle de vous voir heureux. Je dois, dans une aussi touchante solennité, vous exprimer l’un de mes vœux les plus ardents. La Nation sort d’une crise violente, puisse ce jour effacer toutes les haines, étouffer tous les ressentiments ! Qu’une seule pensée anime tous les Belges, celle d’une franche et sincère union ! Je m’estimerai heureux de concourir à ce beau résultat, si bien préparé par la sagesse de l’homme vénérable qui s’est dévoué avec un si noble patriotisme au salut de son pays. Messieurs, j’espère être pour la Belgique un gage de paix et de tranquillité ; mais les prévisions de l’homme ne sont pas infaillibles. Si, malgré tant de sacrifices pour conserver la paix, nous étions menacés de la guerre, je n’hésiterai pas à en appeler au courage du peuple belge, et j’espère qu’il se rallierait tout entier à son Chef pour la défense du pays et de l’indépendance nationale. »
Après cette cérémonie solennelle, le roi offrit un banquet aux différents dignitaires du pays, placé entre l’ancien régent Surlet de Chockier et d’Etienne de Gerlache.
Pendant plusieurs années, les 23, 24, 25 et 26 septembre étaient considérées comme journées de fêtes nationales afin de commémorer les combats de septembre de la Révolution. Il faut attendre 1880 pour que la date du 21 juillet soit considérée comme le fête nationale, ce qui est reconnu dans une loi du 27 mai 1890.
A cette occasion, les drapeaux sont hissés sur les bâtiments en cette date, mais également les 22 et 23 juillet. De nos jours, les célébrations du 21 juillet se caractérisent par un discours du roi à la télévision et un Te Deum en la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles auquel y assiste les souverains, la reine Fabiola et les princes héritiers. Quant aux autres princes, les deux autres couples princiers assistent à d'autres Te Deum de manière à honorer chaque région. La journée se poursuit par une revue des troupes par le roi, un défilé militaire auquel assiste la famille royale et des visites royales et princières à différents stands qui se tiennent au sein de la Fête du Parc (ainsi, habituellement, les souverains visitent le stand des Fournisseurs Brevetés de la Cour de Belgique). La journée se conclut par un feu d’artifice auquel assistent régulièrement certains membres de la famille royale
Valentin Dupont
Membre de Pro Belgica
Webmaster de Pro Belgica Hainaut
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