Le territoire qui, plus tard, constitua la Flandre était habité, avant la conquête romaine, par des tribus d’origine celtique et germanique : les Atrébates, les Morins et les Ménapiens. Dans la seconde moitié du IIIe siècle, des Frisons et des Saxons, fondèrent des colonies de peuplement en certains points de la région côtière, mais un affaissement du sol provoqua des inondations qui les en chassa, en même temps que les autochtones romanisés. Quand la mer se retira, les Francs Saliens prirent possession, au Ve siècle, d’une contrée presque déserte.
L’étymologie du mot « Flandre » (Flandris vers l’an 700 et Flandra puis Flandria au IXe siècle) a donné lieu à de multiples interprétations.
Pour Gijseling, il dériverait du frison « flâm » - terre inondée, polder – d’où viendrait également « flamand » et « vlaming » et du suffixe « thra » existant dans quelques dérivés abstraits. Vercouillie et Van Ginneken rattachent le nom à un terme frison qui veut dire « fuir », signification justifiée par le fait que les Flamands qui avaient passé l’Escaut et le Zwin auraient été traités d’« émigrés ».
Le point de vue de Carnoy consiste à regarder « Flandra » comme un pendant de « Tehswandra » (Toxandre), c’est-à-dire comme un composé de « flâm » avec la finale « wandra », terminaison de noms de population .
Au IXe et Xe siècles, on employait régulièrement le mot « Flandre » au pluriel : Flandriæ, comes Flandrianum. La forme « Flandrum » engendra « Vlaanderen » et fut latinisée en « Flandria ».
Enfin, en celtique, « vlae-land » signifie « le pays de la pluie » et il est donc également possible que « vlae land » soit à l’origine de « Vlaanderen ».
Une tradition légendaire s’est formée sur les origines du comté de Flandre. Charlemagne aurait donné cette « terre bréhaigne, peu valant et pleine de palus » à un très noble baron nommé Liederic. Au IXe siècle, Baudouin Bras de Fer, personnage qui était déjà puissant dans les régions septentrionales du bassin de l’Escaut où il guerroyait contre les Normands, enleva Judith, fille de Charles le Chauve et veuve du roi anglo-saxon Ettelwolf. Le roi de France dut bien accepter ce gendre fougueux a qui il donna en fief la marche de Flandre qui se composait de quatre districts principaux : le pagus Mempicus (comprenant le pagus Flandrencis et le pagus Tornacensis) et les pagi Taruacensis, Bononiencis et Atrebatensis.
La dynastie fondée par Baudouin Bras de Fer et la princesse carolingienne Judith prit fin avec Baudouin VII qui mourut sans enfants, en 1119 et laissa le comté de Flandre à son cousin Charles de Danemark, dit le Bon, qui fût assassiné en 1127 par le chancelier de Flandre. Louis le Gros, roi de France, voulut remplacer le défunt par un chevalier normand, Guillaume Cliton, mais les Flamands s’insurgèrent contre leur suzerain et choisirent pour comte, Thierry d’Alsace, petit-fils de l’ancien comte de Flandre, Robert le Frison.
Baudouin V, comte de Hainaut, succéda à Philippe d’Alsace en 1191, sous le nom de Baudouin VIII. Son fils, Baudouin IX, devint empereur de Constantinople en 1204 et les deux maris successifs de sa fille Jeanne, Ferrand de Portugal et Thomas de Savoie, portèrent le titre de comtes de Flandre et de Hainaut.
Marguerite de Constantinople, fille cadette de Baudouin IX, épousa en premières noces Bouchard d’Avesnes et, en secondes, Guillaume de Dampierre. Le comte de Flandre revint au fils de ce dernier, Gui de Dampierre et de Hainaut à Jean, fils de Bouchard d’Avesnes.
Robert III de Béthune succéda en 1305, à Gui de Dampierre et à la mort de son fils ainé, Louis de Nevers, le comté de Flandre passa à Louis de Male. Marguerite de Male, fille unique et héritière de ce dernier, épousa en 1369, le duc de Bourgogne Philippe le Hardi et en 1419 Philippe le Bon réunit le comté de Flandre à ses états. En 1482, à la mort de Marie de Bourgogne, épouse de Maximilien d’Autriche, la Flandre entra dans la maison de Habsbourg puis, après l’abdication de Charles V, dans celle d’Espagne. En 1713, les Pays-Bas passèrent sous la souveraineté de l’Autriche.
Les Provinces belges, conquises par la France en 1792, reprises par l’Autriche l’année suivante, furent incorporées à la France en 1797 par le traité de Campo-Formio. De 1794 à 1814, la Flandre fut divisée en deux départements : celui de la Lys et celui de l’Escaut, ayant respectivement Bruges et Gand pour préfecture.
Cette scission se maintint sous le régime hollandais et, en 1830, l’ancien comté de Flandre, amputé de la Flandre zélandaise, donna naissance à deux provinces : la Flandre occidentale avec Bruges comme chef-lieu et la Flandre orientale avec Gand.
Louis de Male avait été le dernier dynaste particulier de la Flandre. Le titre de comte de Flandre fut porté, après lui et jusqu’à la fin de l’Ancien régime, par les souverains successifs de la Belgique.
Le titre de comte de Flandre fut octroyé, le 14 décembre 1840, au prince Philippe-Eugène, fils puiné de Léopold Ier et futur père du roi Albert Ier. Le prince Charles de Belgique en fût ensuite le détenteur jusqu’à sa mort en 1983.
Bernard Coomans de Brachène
Membre de Pro Belgica
Administrateur de Pro Belgica
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